7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 13:31

Bonne Année à tous! Je vous souhaite beaucoup de calme et de repos pour vos nerfs (dans notre société on en a bien besoin!...)

 

Voici la suite du chapitre que je vous avais promise:


 

Le bail est signé. Avant d’emménager, je rencontre la concierge par hasard en passant dans le garage. J’en profite pour me renseigner sur le voisinage : "s’il vous plaît est-ce que c’est calme?".

Elle me rassure les gens qui habitent autour de moi sont tous des gens très gentils, âgés et calmes.

C’est très calme à part pour le club de hockey.

Quoi quel club de hockey ???? Je sais qu’il y a un club de tennis. Eh bien il y a aussi un club de hockey. Et ce que cachent les feuilles jaunissantes des arbres devant les chambres à coucher, ce ne sont pas des terrains de tennis mais deux énormes terrains de hockey. Oh-la-la ! En visitant l’appartement je n’ai pas remarqué ces énormes réflecteurs qui éclairent les terrains comme si l’on était en plein jour. Les feuillages étaient encore touffus je n’ai rien soupçonné et je me suis retrouvée exactement comme les voisins du terrain de sport près des bonnes sœurs que je plaignais tant.

Il ne fait calme de ce côté de l’appartement que quand les enfants sont à l’école. Dès que l’école est finie les terrains sont pris d’assaut et ça hurle. Les enfants déchaînés, les balles qui tapent contre les balustrades, les entraîneurs qui gueulent comme des forcenés ( il y en a un qui a un accent belge à couper au couteau). Et puis les tournois qui durent jusqu’à 22 heures.

 

J’ai débarqué en pleine saison de tournois : le week-end depuis 8 heures du matin jusqu’à 22 heures non stop. Samedi, dimanche et jours fériés. Je ne peux utiliser que la moitié de l’appartement, celle qui donne sur l’autre côté. Et ça hurle, et ça hurle et ça hurle. Je ne sais pas moi, ils doivent se casser les cordes vocales, ils doivent cracher leurs poumons ! Et puis quand ça gagne ça hurle jusqu’à une heure du matin « on a gagné ! weeeeeeeeeeeeeey !». L’esprit de groupe : « weeeeeeeeeeeeeey !». Et bien sûr ils ont une salle des fêtes : dumdumdum la musique pour fêter la victoire.


Je comptais sur le mauvais temps : il va pleuvoir il ne pourront pas jouer le terrain sera détrempé, il fera froid, il n’auront pas envie de jouer. Pas du tout les mecs, c’est super résistant un hockeyeur : dans la pluie, dans le vent, dans le froid, dans le bouillard, dans le noir : ils jouent ! Vous ne mettriez pas le nez dehors à dix heures du soir mais eux ils jouent, même des petits bouts de chou de 6 ans petit short, petit Tee-shirt et ça galope dans les intempéries en gueulant. Soit dit en passant je remarque que les parents laissent leurs enfant jouer au hockey jusqu’à dix heures du soir et puis ils s’étonnent que l’enfant ne peut pas trouver le sommeil car il est trop excité.

Pour le terrain détrempé c’est raté aussi, c’est du faux gazon.


Heureusement je travaille à la maison alors je calque mes horaires sur les écoles et j'essaye de finir le travail qui demande de la concentration aux heures de bureau. Mais imaginez que vous travailliez dehors toute la semaine et seriez heureux d’être chez vous le week-end. Vous ne pouvez même pas faire une sieste. Il n’est même pas huit heures du matin et ils tapent déjà leurs balles contre les balustrades: debout tout le monde on arrive!


On a demandé si les gens du voisinage n’ont pas protesté lorsque cela a été mis en place. Il paraît qu’il y a eu des pétitions mais le club jouit d’appuis politiques. En plus le bourgemestre de la commune habite dans l’immeuble…


Je pensais que cela n’aurait pas de fin et qu’ils allaient aussi jouer dans la neige mais hourrah on dirait que la saison est finie. Après la grosse série de tournois non stop (là ça a été dur : le public qui criait, les hauts parleurs, les tambours qui roulaient à chaque but – je ne comprends rien aux règles du jeu-) les choses se sont calmées pour se borner à quelques activités extrascolaires. Mentionnons qu’il s'est quand même trouvé quelques fanatiques qui sont venus jouer le jour de Noël et qu’après le Nouvel An, les cours du soir ont repris.

Ils ont en plus rajouté des marques pour pouvoir convertir le terrain en terrain de foot, rentabilité oblige…J’ai peur de ce que cela va donner au printemps mais le propriétaire est assez favorable au changement de fenêtres.


A part ça, tout va bien : plus de voitures. Je n’entends plus une seule voiture. A chaque fois que je me dis que je n’entends plus d’avions non plus il y en a un qui passe, mais ce n’est pas grave.

Les voisins autour (je touche toutes sortes de bois) je n’entends rien. Je ne les ai jamais vus. Le problème est que je rêve encore de mes ex-voisins infects du dessous. Je n’arrive pas à croire que je n’entends plus leur bruits dérangeants et surtout leur piano.


Je m’amuse à faire une liste des bruits que j’ai réussi à supprimer :

Bruit des voitures et de la circulation automobile.

Bruit des avions.

Bruit des feux de croisement pour mal entendants.

Bruit du bus dont l’arrêt était à quelques mètres.

Bruit du tram.

Bruit de la grande porte du garage.

Bruit de la porte du box de garage des voisins du 3ème qu’ils faisaient claquer tous les matins + bruit de leur moto qui faisait vibrer la maison tout entière.

Bruit de la porte d’entrée qui était juste sous mon living.

Bruit de l’ascenseur + bruit des gens qui descendaient l’escalier.

Bruit de l’abruti qui venait nettoyer et qui cognait tous les murs de l’escalier  7 heures du matin.

Bruit des sanitaires de tous mes voisins (baignoire, douche et WC).

Bruit de pas des voisins du troisième.

Sonnerie du téléphone de la petite vieille à côté + sa douche qui était comme si elle se douchait dans mon placard + sa canne + sa chaise + ses volets + son va et vient toute la nuit quand elle ne pouvait pas dormir.

Piano des voisins du dessous + leurs volets électriques + la porte de leur terrasse plusieurs fois par jour quand le chat voulait sortir et puis rentrer et puis ressortir et puis re-rentrer etc…+ leurs placards + talons de madame tous les matins avant de conduire sa fille à l’école + leur porte d’entrée qui claquait toujours violemment + tous le bruit qu’ils faisaient quand ils rentraient tard dans la nuit ou recevaient des amis + tous les travaux de bricolage qu’ils faisaient constamment dans leur appartement.

 

Les bruits qui sont restés :

Les ambulances et la police. C’est pareil ou pire. Je ne me suis pas rendu compte qu’à vol d’oiseau je surplombe une avenue qui conduit droit à un hôpital. J'ai toujours su qu'il fallait éviter d'habiter sur cette avenue mais je ne me suis pas rendu compte à quel point elle était près. Les sirènes sont une constante.

Les souffleuses de feuilles et les travaux de jardin. Rien à faire, c’est comme ça. En ce moment même ils sont en train d'élager des arbres et à les réduire en sciure => boules Quiès de rigueur.

Le renard. Bien que il me semble qu’ici ce soit une renarde. J’aimerais bien la voir.

 

Les nouveaux bruits :

Les hockeyeurs, leurs entraîneurs et leurs supporters.

Les gens qui promènent leurs chiens dans le bois en dessous de chez moi. Ils crient parfois sur leurs chiens à six heures du matin ou tard le soir ou discutent à voix haute. Les chiens se battent parfois entre eux.

 

Cela me fait tout drôle d’avoir "autant de calme" autour de moi. J’espère que les voisins vont vivre longtemps et que les choses resteront ainsi. La nuit, lorsqu’il n’y a pas d’ambulance, on peut écouter le silence. Je dors nettement mieux. Je suis tellement contente de m’être débarrassée de tous ces voisins embêtants. Le périple a été dur mais pour l’instant le résultat en vaut la peine. On verra ce que le futur nous apportera.

 

Encore Bonne Année à tous.

 

 

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 13:10

Nous y revoilà: il y a des travaux dans l'immeuble et je suis assise face à mon ordinateur avec mes fidèles Boules Quiès pour atténuer le bruit de la foreuse qui sévit quelques étages plus bas.

 

Bien j'ai commencé à écrire le nouveau chapitre de ma nouvelle adresse mais c'est long à écrire alors je vais déjà vous livrer la moitié.

 

J’avais  terminé le récit de mes aventures lorsque j’étais chez les bonnes sœurs qui habitaient en face d’une énorme école, à cent mètres d’un énorme stade et en dessous de gros avions qui atterrissaient  Zaventem (autrement connu sous le nom d’aéroport Bruxelles National).

Je vous disais qu’il fallait se méfier du sport. A qui le dites vous, je suis tombée en plein  dedans sans le savoir.

Lorsque j’étais chez les sœurs, la situation était vraiment critique point de vue logement: je ne trouvais rien : moche, trop cher ou agent immobilier qui ne donnait même pas suite à mes appels.

Finalement j’ai déniché quelque chose qui avait l’air pas trop mal dans un quartier, une rue et un immeuble qui me plaisaient assez bien. Lorsque je l’ai visité tout avait l’air correct et conforme à mes critères.

La rue était très calme, pratiquement aucun passage. Les chambres étaient à l’arrière. Il y avait une terrasse qui donnait sur un bois et derrière…eh bien derrière il y a un club de tennis. Je connais ce club de tennis et je sais que de nombreux terrains sont couverts. Serais-je capable de supporter le bruit de balles de tennis ? Je me dis que oui. Vu qu’il fait tout le temps mauvais, l’usage des terrains extérieurs est très limité. De toutes façons, je n’étais plus en mesure de me montrer difficile. Je me suis dis que les balles de tennis ce n’est pas la fin du monde.

En ce qui concerne les voisins, je ne savais rien mais tant pis, j’allais devoir tout accepter car je n’en pouvais plus de dépenser stupidement de l’argent en chambres d’hôtel qui me coûtaient, pour à peine une semaine, l’équivalent d’un loyer mensuel et j’en avais aussi assez du confort spartiate des monastères (literie laissant à désirer et salle de bains commune).

Les deux fois où j’ai visité l’appartement, tout avait l’air calme.

J’ai dis à l’agent immobilier que je le prenais tout de suite. Il m’a assuré que l’on allait pouvoir signer rapidement le bail et  j’étais toute contente car mon séjour chez les sœurs se terminait et j’allais encore devoir prévoir quelques jours à l’hôtel. Mais coup de théâtre : le propriétaire doit soudain partir en voyage pour deux semaines et refuse de signer avant. Devant mon désarroi, l’agent immobilier m’annonce que ce n’est pas grave ils ont des appartements meublés à louer. Ils peuvent m’en trouver un pour deux semaines.

Il y avait tellement de rebondissements à mes histoires que c’en état devenu passionnant pour les sœurs et j’étais devenue comme une série télé (Miss soap). Le jour de la signature du bail tout le couvent a prié pour que finalement cela se fasse….

Avec les sœurs nous nous sommes quittées bonnes amies et je suis allée passer le week-end dans mon bel hôtel super confortable avec ses grands lits divins et ses machines Nespresso dans toute les chambres : luxe, calme et volupté.

J’étais un peu triste de quitter ce cocon mais l’hôtel est en travaux de rénovations et les odeurs agressives de solvants et les bruits des foreuses qui sont entrées en action dès le lundi matin m’ont rendu les choses faciles. L’hôtel était super car j’y séjournais pendant le week-end. En semaine c’était tout autre chose.

L’agent immobilier m’avait présenté deux appartements meublés dans une maison de ville. Le premier était au rez-de-chaussée avec le séjour qui donnait sur la rue et la chambre à l’arrière surplombait une petite cour qui n’appartenait pas à l’appartement et où un voisin avait un gros barbecue. En été bonjour les dégâts.

L’autre appartement était au premier. Il était plus beau et l’agent s’attendait à ce que je prenne celui-là mais la chambre donnait sur la rue et j’ai dit non.

Plus tard j’ai pu me féliciter de ma décision lorsque je me suis rendu compte qu’il y avait pas mal de mouvement dans le quartier à cause de nombreux restaurants qui s’y trouvaient, sans parler de travaux de voirie qui ont surgi de nulle part, des éboueurs et de camions de livraison venant approvisionner certains restaurants voisins.

Je n’avais aucune vue mais la chambre à l’arrière était très calme.

Durant ces deux semaines j’ai quand même pu expérimenter le vice de ce genre de construction. Les maisons de ville sont bâties sur des murs mitoyens. Ceci veut dire que l’on a dû commencer par construire une maison et puis la maison suivante est venue s’adosser à celle-là faisant l’économie d’un mur, et ainsi de suite. Le seul hic, c’est qu’à ce train là vous vous retrouvez en sandwich entre deux maisons et vous entendez tout ce qui se passe à côté. Franchement l’économie ne devrait pas être de mise quand on construit une maison. Comme elle est à pour un bout de temps le prix que vous auriez payé pour un mur en plus serait oublié depuis belle lurette.  Eh bien non, pas en Belgique.

La chambre était calme tant que les voisins d’à côté ne recevaient pas des invités, ou tant qu’eux même ne rentraient pas à trois heures du matin. Car si conversations il y avait, ou pas dans les escaliers, on entendait tout. Et le fait de me retrouver réveillée en pleine nuit par des voisins me rappelait de mauvais souvenirs.

En deux semaines j’avais intégré le quartier jusqu’à m’y sentir à la maison. Ce qui était assez drôle car maintenant partout où je passe en voiture je peux dire : « ah ça c’est mon quartier, j’ai habité là ». Je serais un très bon agent immobilier car je connais pratiquement chaque rue et chaque immeuble.

Nous avons fini par signer le bail et la date du déménagement approchait. J’ai retenu une date auprès de la société de déménagement quand tout à coup : re-coup de théâtre l’expert qui doit faire l’état des lieux est en vacances et le propriétaire refuse de travailler avec un autre. L’agence a dû étendre mon occupation de l’appartement meublé, et bien entendu l’expert quand il est rentré de vacances avait un agenda surchargé. Pour moi pas question de changer la date du déménagement auprès des déménageurs car je l’avais déjà repoussée à plusieurs reprises et j’allais finir par passer pour une rigolote. Résultat l’expert a fait son état des lieux à la lampe de poche la veille du déménagement car le seul créneau qu’il avait était à 18h 30 et la nuit est tombée rapidement dans un appartement où il n’y avait pas de lampes dans toutes les pièces.

 

Suite bientôt, j'espère....

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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 10:44

  Lorsque les gens parlent de Los Angeles les clichés sont souvent ceux de la ville tentaculaire, dangereuse, laide et à l’architecture inexistante. Je n’ai jamais partagé cette opinion. J’adore Los Angeles et je trouve que c’est un endroit magnifique et une ville plutôt calme. 

 

  Il est vrai que mis à part quelques gratte-ciel à Century City et Downtown, Los Angeles est une ville plate qui s’étale à l’infini de la mer jusque sur les montagnes. Les maisons y sont basses, construites en bois et la plupart du temps des quartiers résidentiels surgissent entre deux autoroutes ou deux artères très fréquentées. On trouve ainsi quantité d’oasis de tranquillité en pleine ville, et cela peu importe le quartier.

 

  Dès mon arrivée à LA, je m’extasiai de tout : les voitures qui roulaient en produisant juste un murmure (combinaison, des boîtes automatiques et de la largesse de rues), les souffleuses de feuilles qui étrangement faisaient moins de bruit qu’en Europe et les voisins qui semblaient se connaître et se respecter.

 

  Je fis plusieurs séjours de longue durée dans la ville où vos rêves sont censés devenir réalité.

 

  La première fois comme je n’y connaissais rien et que l’endroit que j’allais fréquenter était le site des studios Universal, je laissai la dame de la société de location d’appartements me conseiller. Le problème était de trouver un immeuble qui acceptait les chiens. Jamais facile de trouver un appartement meublé pour une courte période qui accepte les animaux domestiques. C’est ainsi que j’atterris à Glendale. Glendale est dans la vallée et il y a aussi un cliché qui fait croire à certains que la vallée pourrait être un endroit louche ou habité uniquement par des gens de basses couches sociales, bla, bla, bla. Ce n’est pas vrai puisque Studio City se trouve aussi dans la vallée ainsi que Pasadena qui était le Beverly Hills des années quarante et cinquante. Bref, à Glendale il y a de très jolis quartiers résidentiels et de superbes centres commerciaux. La raison principale pour laquelle la vallée est considérée comme un endroit de second choix est qu’elle est comme une cuve, que la pollution y stagne et qu’il paraît qu’il y fait étouffant de chaleur durant  l’été. Mais j’ai pu constater qu’à Los Angeles la pollution s’étend encore loin au dessus de la mer et donc l’argument que l’on a plus d’air à Malibu est aussi un cliché dont la véracité n’a pas encore été scientifiquement prouvée – du moins à mes yeux.

 Je louai ce que l’on appelle ici une townhouse, ou maison de ville. Il s’agit d’une petite maison à un étage qui fait partie d’un ensemble résidentiel. Ce qui veut dire qu’il y a des voisins mitoyens des deux côtés. Je ne me souviens d’aucun bruit venant de ce côté, la totalité du complexe était extrêmement calme. Côté rue il n’y avait que le bruit des skate-boards des enfants qui jouaient le week-end et les bips - plutôt sonores – des commandes à distances des voitures, ce qui était assez embêtant car les gens partaient de chez eux vers cinq - six heures du matin (certaines personnes ayant l’habitude de se farcir tous les jours une à deux heures de trajet pour se rendre au travail). Le bruit le plus spécifique à Glendale se produisait la nuit et était tout aussi énigmatique qu’inattendu : très puissant, il faisait penser à une locomotive à vapeur. Intriguée, je finis par découvrir qu’il y avait une voie de chemin de fer non loin et qu’à cet endroit précis elle croisait une route, c’était tout bonnement le klaxon du train – horn étant un mot plus approprié pour décrire ce son-. Je n’ai plus jamais entendu quelque chose de semblable par la suite car lors de mon deuxième séjour, les circonstances ont fait que je me retrouvai à louer la maison d’une amie d’une amie à Studio City.  Il s’agissait également d’une townhouse dans un quartier où pratiquement tout le monde travaillait dans le cinéma.

  A peine arrivée, je remarquai un chantier à proximité. On construisait un immeuble de quatre étages, entièrement en bois. Je devinai immédiatement ce que cela voulait dire : point de grasse matinée. Et effectivement chaque jour de la semaine je me réveillais dès 7 heures au son de marteaux qui frappaient les panneaux de bois aggloméré. Au début ce n’était guère un problème puisque sujette au décalage horaire j’étais sur pieds dès cinq heures du matin mais progressivement c’est devenu de plus en plus ennuyeux.

  Moi qui au début avais considéré ces constructions en bois d’un air supérieur : 1.) venant d’un pays où la brique est reine - ne dit-on pas que « le Belge a une brique dans le ventre » ? pour signifier que les Belges on l’immobilier pour investissement de prédilection.. 2.) Comment pouvait-on dépenser plusieurs millions de Dollars pour une baraque en bois - même celles de Beverly Hills sont en bois-. Je finis par en mesurer les avantages : des chantiers rapides et peu dérangeants. On ne démolit pas, on démonte et pour construire, quelques clous suffisent et croyez-moi, il y a une sérieuse différence entre des coups de marteau et le bruit d’un marteau piqueur ou même d’une foreuse.

  Côté voisins, j’eus la très désagréable sensation d’être une chèvre même outre l’Atlantique. Le bruit ne me lâcherait donc jamais. Alors qu’en face de chez moi, il y avait des voisins hyper calmes que l’on ne voyait pratiquement jamais et n’entendait pas davantage, juste à côté de moi vivait une jeune femme plus ou moins bizarre qui écoutait bruyamment la télévision. Mais lorsque je dis bruyamment, c’est vraiment bruyamment : les fusillades et les concerts rocks comme si vous y étiez. Etrangement, le son montait de plus en plus vers dix heures du soir pour culminer en un bouquet final vers minuit, comme si elle s’endormait devant la télévision avec le doigt appuyé sur le bouton son de sa télécommande.

  J’essayai de supporter les choses sans rien dire pendant quelques temps, mais j’avais beau fermer toutes les portes qui pouvaient atténuer le bruit, rien n’y faisait.

  Finalement je décidai d’appeler la propriétaire à la rescousse. Je lui exposai le problème en avouant que je ne savais pas comment gérer la situation. Je savais qu’en Europe lorsque l’on disait à quelqu’un qu’il dérangeait, il se mettait à déranger encore plus, mais j’ignorais comment réagissaient les Américains dans un cas pareil. Elle promit de s’en occuper et déclara qu’elle rappellerait plus tard. Lorsqu’elle le fit, elle m’annonça qu’un voisin en charge de la copropriété allait parler à cette dame qui apparemment avait un problème d’audition. Le problème fut réglé le jour même : plus de télé qui hurlait. C’est ce que l’on appelle l’efficacité américaine. Dans un pays où le client est roi, le propriétaire se doit d’écarter tout trouble de jouissance dont aurait à se plaindre son locataire. Une notion qui s’est étrangement perdue sur le vieux continent (ou qui n'a jamas existé, surtout en Belgique où le client ne vaut rien). Le capitalisme a quand même du bon...

  De l’autre côté, j’avais des voisins mexicains, ce qui faisait très couleur locale. Surtout lorsque ledit voisin avait des poussées de mariachis a cinq heures trente du matin (heure à laquelle il se levait pour aller travailler). J’eus l’impression d’être Jean-Paul Belmondo dans Le Magnifique.

  Je présageais le pire pour les fêtes du Nouvel An, mais il n’en fut rien. Les mariachis furent un cas isolé qui ne se reproduisit plus. Sans doute un coup de blues dû au mal du pays…

  A Los Angeles, c’est surtout du ciel que viennent les ennuis sonores. L’aéroport de Burbank était tout proche, et les avions décollent pratiquement au rythme d’un par minute. Connaissant l’état de la flotte aérienne des lignes internes, je m’attendais tout le temps à ce qu’un réacteur me tombe sur la tête. Mais ce sont surtout les hélicoptères de la Police qui quadrillent la ville en permanence qui dominent le paysage auditif. Il suffit que quelque chose se passe sur une autoroute ou qu’un délit soit signalé pour que tout de suite un hélicoptère soit dépêché sur place, talonné de près par l’hélico de CBS News (les paparazzi de l’info). Ils me réveillaient pratiquement toutes les nuits. Le pire c’est qu’ils sont capables de faire du sur place pendant une bonne dizaine de minutes. J’avais beau les envoyer mentalement au diable, rien n’y faisait. Armés de puissants projecteurs, ils traquent les fuyards jusque dans les moindres recoins de la ville.

  Lorsque ce ne sont pas les hélicoptères, ce sont les voitures de Police qui filent toutes sirènes hurlantes sur les grands boulevards environnants, juste pour nous rappeler que la ville n’est pas aussi sûre que l’on pourrait finir par le croire et qu’il n’est jamais très indiqué de dormir sur ses deux oreilles. Mais le bruit qui surclasse tous les autres est celui des sirènes de pompiers : absolument impressionnant. Lorsque l’on sait que toutes les maisons sont en bois et qu’elles peuvent cramer en dix minutes, on comprend le branle bas de combat qui accompagne chaque alerte à l’incendie. La première fois où j’ai entendu le bruit d’une sirène de camion de pompiers j’ai bien cru à la fin du monde. Personne n’oserait se mettre en travers de leur chemin dans ces conditions.

  Une autre particularité à Los Angeles est la rapidité d’exécution des travaux. Lorsque je découvris qu’il allait y avoir des travaux de réparation de la toiture chez nous, je fus assez ennuyée que cela tombe juste pendant mon séjour (toujours la chèvre) mais une fois de plus je fus étonnée des usages locaux. Un camion débarqua un groupe de mexicains. Une journée chrono pour arracher le revêtement existant. Une autre journée pour poser le nouveau et hop, les travaux étaient terminés. Pareil pour les jardins. J’ai vu des jardiniers transformer un champ de bataille en un jardin ordonné en deux jours, pose du gazon comprise.  Il est rare de voir un jardinier rêvasser sur sa pelle en fumant une cigarette. Dans ce pays, on est là pour travailler et comme la nuit tombe assez tôt en hiver, on a intérêt à se dépêcher. Résultat si bruit de travaux il y a, il ne dure jamais très longtemps.

 

  Par la suite j’ai trouvé une résidence très bien située dans le coeur de Los Angeles. Elle est tellement bien située que j’y suis retournée plusieurs fois. Son seul inconvénient est qu’elle se trouve sur un grand boulevard, mais les appartements qui donnent vers les jardins intérieurs ne le savent même pas. Le complexe étant composé de cinq immeubles j’ai fini par apprendre par cœur les plans et les numéros des appartements. Ainsi dès que l’on me proposait un appartement au téléphone je savais quel genre de bruit y sévirait. Pour l’un c’était la piscine et les enfants qui sautaient dedans à tout moment en poussant des cris stridents, pour l’autre la porte en fer donnant accès à la piscine et qui se refermait avec un son métallique – même pendant la nuit car certains faisaient des raccourcis par la piscine en rentrant tard le soir - ou encore la porte d’entrée de l’immeuble que les gens laissaient claquer sans ménagement. Il fallait aussi se méfier des entrées des garages souterrains et de l’entrée arrière débouchant sur une voie intérieure qui souffrait d’un va et vient quotidien de camions de déménagement et de livraison. Vous me direz qu’avec autant de critères il était pratiquement impossible de trouver quelque chose. Eh bien pas du tout. Il y avait de nombreux patios et des jardins intérieurs traversés par de petits chemins.

  J’étais assez contente car la résidence était pourvue d’un poste de surveillance à l’entrée et que dès que certains jeunes se permettaient de faire la bringue au-delà de l’horaire autorisé, il suffisait de téléphoner à la sécurité qui dépêchait (ça leur prenait quand même 15 minutes) quelqu’un sur place pour les rappeler à l’ordre. Inutile de préciser que je l’ai fait plusieurs fois. Ceci n’empêchait pas cependant l’inconfort des gens qui téléphonaient au moyen de leurs portables sur la terrasse car à l’intérieur point de réseau. Les américains ont des voix incroyablement fortes qui portent très loin. C’est absolument fou. On se demande d’où ils sortent une telle puissance : fortes et nasillardes. Les filles parlent presque toutes comme Donald Duck : gna gna gna gna gna. Je dis toujours que pour parler Américain il suffit de parler anglais en se pinçant le nez.

  Pour ce qui est de l’intérieur des bâtiments, on  a beau être dans du bois, je n’ai jamais entendu un bruit de conduites d’eau ni des claquements de portes, tout est comme atténué. Il y a juste le bruit des pas lorsqu’on a un appartement au dessus de soi car le sol est beaucoup plus flexible que quand il s’agit d’une dalle de béton, mais j’y reviendrai plus tard…

  J’étais donc assez satisfaite de l’endroit, jusqu’au jour où la fille de la réservation a voulu se montrer très gentille et me faire une grande faveur en me donnant un bel appartement au dernier étage (voir la remarque précédente). J’avais pourtant précisé plusieurs fois que je ne voulais rien d’autre qu’un appartement intérieur. Qu’est-ce que je vois en arrivant ? Vous le devinerez : l’appartement donne sur le boulevard super bruyant. Et ce n’est pas tout…devinez quoi encore ?!!! La caserne de pompiers !!! Au secours ! Vous savez ce que cela veut dire : alertes au feu jour et nuit et tous les camions qui sortent en une fois sur le pied de guerre. Le cauchemar absolu. Evidemment quand je lui ai téléphoné atterrée, la fille était des plus confuses mais évidemment ils n’avaient rien de libre pour pouvoir me faire déménager.

  Donc voilà j’ai survécu aux pompiers mais boules Quies obligatoires pour dormir, et je ne compterai pas le nombre de fois où j’ai été réveillée violemment en plein milieu de la nuit. C’est du lourd…très, très violent.

  En parlant de pompiers il y a encore un autre phénomène extrêmement désagréable à prendre en compte dans ce genre d’immeuble : l’alerte au feu. Comme à Los Angeles ils sont obsédés par le feu, il y a des détecteurs de fumée dans toutes les pièces. Le problème c’est que ces détecteurs sont tellement sensibles que si vous faite la cuisine et laissez brûler quelque chose, branle bas de combat vous déclenchez toutes les sirènes et les pompiers doivent venir inspecter les lieux et s’assurer qu’il n’y a pas de véritable incendie. Très bien, mais le bruit des alarmes est tellement strident qu’il vous arrache les tympans. Et pas moyens d’y échapper, ça hurle partout. C’est pourquoi j’ai des boules Quies partout dans l’appartement et la première chose que je fais est de me précipiter dessus pour les enfoncer les plus loin possible dans le conduit auditif. Je ne sors même plus en cas d’alerte car j’ai appris que de feu il n’y en a jamais juste quelqu’un qui a fait brûler son plat.

  Au désagrément de la caserne de pompiers il a fallu ajouter un bruit que nous n’avons pas tellement l’habitude de connaître en Europe : les climatiseurs.

  La plupart des maisons et appartements à Los Angeles sont chauffés et refroidis à l’air soufflé. C’est à dire à l’électricité. Il apparut qu’au dessus des derniers étages se trouvaient tous les moteurs des circuits de conditionnement. C’est ainsi que tôt le matin ou tard le soir nous étions réveillés par les vibrations de ces moteurs. C’était insupportable et lorsque cela durait une bonne demie heure cela me rendait folle. On en a averti le service de maintenance qui est passé vérifier l’installation car normalement elle n’était pas sensée produire autant de bruit. Il s’avéra que c’était le moteur de l’appartement du dessous. Le locataire était absent mais son thermostat était resté réglé automatiquement et se déclanchait régulièrement le matin et pendant la nuit. Pas moyen de faire grand chose avec ça car ils n’avaient pas l’autorisation pour s’introduire dans l’appartement en son absence.

  Plus de dernier étage S.V.P.

 

  J’allais encore me mordre les doigts par la suite car ce que j’ai connu l’année dernière était un cran au dessus de tout ce que j’avais pu expérimenter jusque là. Je me suis retrouvé dans un appartement au deuxième et avant dernier étage. A mon arrivée tout avait l’air bien car les gens au dessus étaient partis. Je pensais que l’appartement était peut-être inoccupé car cela arrive souvent. Très vite je découvris de quoi serait fait mon séjour : de la musique rap à fond à partir de dix heures du soir et des gens lourds qui sautaient sur le sol, des cris et des rires hystériques à gorge déployée.

  La première nuit, je me suis réveillée ahurie avec l’impression que le plafond s’écroulait sur ma tête et que quelqu’un allait passer au travers pour atterrir sur mon lit. OK, peut-être que c’était occasionnel, peut-être fêtait-on un anniversaire. On n’a rien dit car après tout on n’était pas les seuls incommodés. Les appartements autour devaient aussi souffrir. Que quelqu’un d’autre se plaigne. Personne ne l’a fait. Cela a duré jusqu’à deux heures du matin.

  La nuit suivante, même topo. Je suis réveillée par la musique et des sauts pieds joints (comme si quelqu’un sautait d’une chaise par terre). J’ai vraiment l’impression que le plafond va s’écrouler. Je téléphone à la sécurité pour me plaindre. Mais téléphoner à la sécurité c’est allumer la lumière pour trouver le numéro et parler à anglais  un mexicain et essayer de comprendre ce qu'il dit. Après ça plus moyen de dormir. En plus c’était la nuit du passage à l’heure d’été donc j’étais complètement décalée.

  Après ces incidents j’ai commencé à me demander quelle bande de sauvages habitait au dessus de chez moi. J’ai commencé à mener mon enquête. L’un des types téléphonant un jour sur la terrasse j’ai jeté un coup d’œil discret et compris tout de suite ce voix terriblement fortes et ces rires démesurés : c’étaient des blacks.

  Par la suite, un jour en sortant de l’immeuble j’ai croisé une fille - également black avec des cheveux frisés et carrossée comme un bull - qui parlait dans son portable à voix tellement haute et arrogante que je me suis dit que ce ne pouvait qu’être elle. D’après ce que j’ai pu encore rassembler comme informations, l’appartement au dessus de moi était un duplex et ils étaient deux couples à se le partager. Donc manque de chance, juste au dessus de moi il n’y avait pas une simple chambre à coucher mais un living.

  Je me suis d’abord rendue dans le bureau de management du complexe pour leur dire que le bruit se reproduisait pratiquement tous les soirs, que c’était inacceptable. Le type – un jeune loup de l’immobilier – m’a regardé tout le long avec un air qui disait ostensiblement : qu’est-ce qu’elle vient m’emmerder ici avec son histoire. En effet la société (A) à laquelle je loue l’appartement meublé est différente de la société (B) qui possède le complexe. J’étais cliente de la société A. Mes voisins étaient clients de la société B. Le type du bureau de location ne semblait pas trop vouloir se mouiller avec ses clients pour moi. Il m’a vaguement promis qu’ils allaient leur glisser un mot. Ce qui n’a pas eu l’eure de me satisfaire. J’ai donc téléphoné à la société A (qui a vraiment un service clientèle irréprochable) pour leur dire que je n’étais pas contente : ni de l’appartement, ni de la mollesse avec laquelle la société B comptait gérer ce problème. La société A leur louant quand même une centaine d’appartements ils auraient plus de poids que moi. Et j’ai ajouté que je voulais impérativement déménager dans un autre appartement. Là je suis tombée sur une fille absolument adorable qui bien que ne pouvant pas me proposer d’autre appartement pour l’instant (sauf à des endroits où je savais que j’aurais encore plus de bruit) s’est vraiment coupée en quatre pour résoudre mon problème. Elle m’a incité à appeler la sécurité à chaque fois que ces gens feraient du bruit mais je lui ai fait remarquer que ces gens marchaient et sautaient comme des mastodontes et que je ne pouvais pas appeler la sécurité à chaque fois qu’ils faisaient un pas. J’ai même remarqué par la suite que la fille avait pris l’habitude quand elle dévalait les escaliers de son appartement d’ignorer les deux dernières marches et de sauter à pieds joints dans un grand boum.

  Donc pour déménager il fallait que j’attende et en attendant  il fallait que j’appelle la sécurité. Ce que j’ai encore fait à trois reprise. Je mettais carrément le téléphone sur le mur pour prouver au type qu’il y avait du bruit car parfois après avoir poussé le volume de leur chaîne ils arrêtaient d’un seul coup. Il suffisait que le type arrive à ce moment là et en déduise qu’il était victime d’une emmerdeuse et d’une fausse alerte. La société A à quand même alerté la société B qui a été obligée de produire une lettre d’avertissement. On m’a appris que plusieurs avertissements conduisaient à l’expulsion. Les choses se sont un peu améliorées du point de vue de la musique et on aurait dit que les femmes étaient un peu plus calmes quand les hommes étaient absents.

  Je n’ai jamais déménagé car les locataires de l’appartement que l’on m’avait promis on décidé d’allonger leur séjour. Mais avec ces gens là, j’ai vu de tout : y compris de faire sécher des baskets dans le sèche linge à deux heures du matin, ça fait : badaboum, badaboum, badaboum. Ces gens ne dormaient quasiment pas et je ne pouvais même pas me venger en leur rendant la pareille car ils étaient debout dès six heures du matin . Une fois de plus on ne peut que s’extasier sur autant d’énergie, peut-être aidée d’un peu de poudre…

  Si les blacks m’empêchaient de dormir le soir, le matin ce qui me réveillait, c’étaient les corbeaux. Je vous rassure tout de suite sur le fait qu’Alfred Hitchcock n’était pas aussi génial que vous pourriez le croire. Ce n’était pas si difficile d’inventer le film Les oiseaux. Il a juste vu une rue de Los Angeles à la tombée de la nuit. Certaines sont envahies de ces oiseaux noirs. Donc voilà : trois corbeaux me mènent la vie dure à 6 heures du matin. Ils s’introduisent dans les jardins, se perchent sur un arbre et se racontent leur vie. Attention, ce sont des corbeaux américains : ils ont des voix dix fois plus puissantes que nos malheureux corbeaux européens. Un jour n’y tenant plus je me suis ruée dans la cuisine, j’ai rempli une casserole d'eau, je suis sortie sur la terrasse et j’ai vidé la casserole sur le palmier d'en face. Wouah, le corbeau : outré, furieux. Il a détallé en me traitant de tous les noms et entraînant ses comparses. Résultat : la paix pendant trois jours, mais après il sont revenus. Le stratagème a réussi encore à trois reprises avec une grande serviette de bain mais après fini, ils ont compris : oh, c’est rien, juste la folle furieuse gringo là. Laissons la s’agiter elle finira bien par se calmer... Et il était vrai que c’était très embêtant d’avoir à se lever et à sortir parfois dans la fraîcheur de la matinée pour faire des grands moulinets avec les bras. Impossible de dormir après ça. Il était nettement plus facile d’enfoncer des boules Quies dans ses oreilles et de les laisser tranquilles.

  Une fois de plus j’avais l’impression d’être la seule à me plaindre jusqu’au jour où je me suis trouvé une amie. Elle habitait en dessous de chez moi mais au rez-de-chaussée, d’origine grecque elle venait de Chicago pour prendre des cours de comédie. Elle m’a rassuré sur le fait qu’elle entendait les blacks jusque chez elle. J’appris qu’elle aussi se plaignait beaucoup auprès de la copropriété à cause d’une fille qui habitait en face de chez nous et qui passait ses journées à chanter. Nous plaisantions qu’elle s’entraînait pour The Voice, car apparemment cela faisait des mois qu’elle s’égosillait à chanter constamment la même chanson. Personnellement, je l’entendais mais elle ne me dérangeait pas tant que ça. Ma collègue du rez-de-chaussée par contre recevait le produit de ses cordes vocales directement dans son appartement et ne pouvait même pas ouvrir sa fenêtre. Elle se plaignait aussi de sa voisine du dessus que je n’entendais absolument pas mais qui paraît-il laissait son portable allumé par terre en mode vibreur, et s’en servait comme réveil. Donc dès que son portable sonnait, le plafond en dessous vibrait.

 

  Ce fut la première fois que j’éprouvai un certain plaisir à quitter l’endroit. Il est toujours agréable de ressentir la liberté de pouvoir échapper à l’emprise de personnes qui ont juré de vous pourrir la vie, car les blacks nous avaient également repérés et s’amusaient à faire des choses exprès. Je ne suis plus retournée depuis dans ce complexe et je ne sais même pas si je le ferais. J’ai définitivement compris que peu importe l’endroit, on ne peut pas trouver le bonheur dans un appartement. Dès qu'il y a un voisin c'est le merdier.

 

 

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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 14:01

J'ai rédigé ce texte il y a un certain temps donc je ne peux pas dire à 100% que la situation est la même maintenant (bien que je ne vois pas pourquoi elle serait différente). Je n'ai plus remis les pieds à Monaco depuis environ 7 ans.

 

 

  J’ai déjà évoqué la Côte d’Azur, mais la Principauté de Monaco mérite à elle seule une halte spéciale car sensible au bruit, s’abstenir.

  Celui qui pense se rendre dans une paisible station balnéaire en est pour ses frais car à Monaco quand ce n’est pas le Grand Prix, c’est le Rallye automobile, le Rallye des vieilles voitures, les courses off-shore. A quand le meeting aérien ? Quoique, il y ait déjà des hélicoptères. Et entre les courses, sans interruption on construit. En d’autres termes Monaco est un chantier permanent depuis des décennies. Il y a toujours un vieux bâtiment que l’on peut supprimer pour gagner quelques centimètres et construire un immeuble à la place. Il y a toujours un rocher dans lequel on peut creuser un tunnel, un ascenseur ou une voie ferrée.

  Inutile de mentionner le chantier de Fontvieille, tout le monde en a entendu parler. Je me souviens que lorsque nous avons décidé de nous installer à la Côte d’Azur, l’agent immobilier a proposé à ma mère une villa à la Turbie avec vue imprenable sur le vaste chantier. Elle a eu la présence d’esprit de répondre : non-merci.

  Pour ceux qui pourraient envier ces « happy few » qui habitent Monte-Carlo, il y a de quoi les détromper. Premièrement tous les immeubles sont en béton et l’on a déjà mentionné à quel point le béton est un matériau de mauvaise qualité acoustique. Ensuite on y vit à l’étroit. Cent mètres carrés relèvent déjà du luxe suprême. Qu’est-ce qui différencie alors un HLM d’un immeuble à Monaco ? Le marbre.

  A Monaco il faut toujours se méfier d’une chose : la vue sur mer, car si on a la chance d’avoir la vue sur la mer cela veut dire qu’il y a de la place pour construire quelque chose devant. C’est ainsi que le chantier du nouveau Palais des Congrès sur le Larvotto a laissé un gouffre béant pendant une dizaine d’années sous les yeux et les oreilles de ces pauvres « privilégiés » qui croyaient s’offrir une résidence de bord de mer. Dix ans de marteaux piqueurs, de camions, de poussière, d’artillerie lourde du matin au soir. On a plus envie de les plaindre que de les envier.

  Un proche qui s’était à l’époque intéressé à la location de bureaux à Fontvieille s’était lui aussi vu offrir l’option vue mer ou vue montagne. La vue mer étant bien entendu le double du prix. Il avait finalement changé d’avis et bien lui en a pris car à peine six mois plus tard il n’y avait plus de vue mer. Un immeuble trônait fièrement devant. D’ailleurs, certains esprits bienveillants qui connaissaient les usages du coin nous avaient prévenus : on commence à construire par derrière ce qui permet de vendre la vue mer un nombre incalculable de fois. Donc le truc à Monaco est de toujours choisir la vue montagne ou pas de vue du tout, quitte à passer pour un radin.

  A Monaco le bruit le plus courant est celui de ces énormes marteaux piqueurs tentaculaires qui martyrisent la roche à longueur de journée. Lorsque cela finit d’un côté, cela recommence de l’autre. Cela donne à peu près tratatatatatata tout le temps. Mes souvenirs scolaires sont tous accompagnés de ce bruit bien particulier. Pas moyen d’ouvrir les fenêtres si l’on veut pouvoir entendre le professeur.

  Ensuite il ne faut pas oublier que tous ces morceaux de rochers que l’on a extrait, doivent être évacués en camion. Cela ne s’accomplit pas en silence non plus.

  La ville étant devenue trop petite pour le flot de voitures qui y transitent, les embouteillages sont monnaie courante aux heures de pointe. Avec ce que cela implique de vrombissements et de coups de klaxons même si celui qui ose s’aventurer en Principauté avec une mobylette pétaradante ou une vieille carcasse a les plus grandes chances de se faire arrêter par les carabiniers au premier carrefour. Donc les vrombissements sont plutôt ceux des Ferrari.

  Ensuite à Monaco, comme s’il n’y avait pas assez de bruit sur la terre ferme, il en faut aussi sur la mer. Outre les jets-skis qui tournoient inlassablement à l’entrée du port, les hors-bords, les yachts et les bateaux de croisières il a fallu compter avec ces énormes chalutiers occupés à draguer le fond marin pour en retirer des gravats. Il s’agissait d’agrandir le port. Sortir des tonnes de gravats de l’eau sous vos fenêtres et les jeter dans des containers cela fait un vacarme effroyable. Il suffit d’imaginer les gravats se déverser dans des cales une dizaine de mètres plus bas.

  Monaco est l’illustration de la constatation selon laquelle l’activité humaine est source de bruit. Et comme à Monaco, le travail ne cesse jamais, le bruit non plus.

 

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 12:28

 

  Quand le bruit devient intenable chez soi, tout ce dont on rêve c’est de partir en vacances, se changer les idées. On croit toujours que l’herbe est plus verte ailleurs mais on déchante assez vite On pourrait même dire que les hôtels sont pires que les appartements, tout simplement parce que l’on est encore plus nombreux au mètre carré dans un même bâtiment. Imaginez combien de personnes différentes sont parquées sur un même couloir et vivent dans une chambre. Il y a toujours une porte qui claque à proximité. Certaines portes automatiques de chambres d’hôtel sont épouvantables, elles se referment toutes seules mais avec un claquement lourd. Le couloir devient alors une chorale de claquements de portes à toutes heures du jour et de la nuit. Sans parler des ascenseurs qui font "ting" quand ils arrivent à l'étage et les clients qui discuttent en attendant.

 Autrefois les hôtels étaient construits pour être des hôtels. De nos jour, on appelle cela des palaces. Les murs étaient assez épais et une grande partie d’entre étaient équipés de doubles portes qui justement vous protégeaient des bruits extérieurs. La vague qui a suivi : de grands bâtiments style Hilton était encore acceptable car même si les murs entre les chambre s’amincissaient, le tout était encore enrobé d’épais tapis pleins qui tamisaient l’atmosphère. Mais les hôtels de dernière génération sont devenus absolument insupportables. Déjà les grands hôtels - type Hilton justement - se sont rendu compte que le parquet était plus facile a entretenir et donc adieu les tapis et bonjour les lattes en bois. Ensuite on s’est mis à transformer toutes sortes de lieux improbables en hôtels. Les pires sont les bastides, les mas, les fermes et que sais-je encore car au départ ils étaient prévus pour une seule famille. Je me souviens d’un séjour au Mas Candille à Mougins qui n’a pas duré plus de deux nuits car il y avait à proximité de notre chambre une porte arrière qui permettait aux résidents de rentrer chez eux au retour de leurs sorties nocturnes et tout l’hôtel nous passait sur le corps avec des talons en parlant à voix haute entre une heure et trois heures du matin. C’était intenable. A notre demande de changement de chambre la réception n’avait rien d’autre à nous proposer qu’une chambre que j’avais refusée à l’arrivée car la terrasse donnait sur l’extracteur d’odeurs de la cuisine. Ils ont fait la tête quand on est partis prématurément mais tant pis pour eux.

Aux Fermes de Marie à Megève par exemple la chambre était située au dessus de la salle à manger et de la terrasse. Donc dès six heures du matin on était réveillés par le va et vient des talons des employés qui dressaient les tables ainsi que des bruits de vaisselle. Le soir par contre comme la chambre était située derrière un salon, toute la fumée de cigarettes rentrait chez nous. Il fallait calfeutrer les abords de la porte avec des serviettes de bain : très désagréable.

  En Italie quand j’étais petite on avait trouvé le truc. Après une mauvaise expérience dans un grand hôtel du Lac de Garde, dès que l’on arrivait à la réception, mes parents tendaient leur passeport d’où dépassaient des billets en déclarant : « nous voudrions une belle chambre au calme ». Sinon on vous mettait au dessus de la boîte de nuit. Ils gardaient leurs plus belles chambres pour les clients allemands...et tous ceux qui réservaient par agence recevaient le dernier choix.

 

  Pire encore, ces hôtels qui sont en travaux de rénovation et qui ne ferment pas. Lorsque vous réservez votre chambre, on se garde bien de vous dire que l’hôtel est en chantier et l’on vous annonce d’une voix bien commerciale que l’on peut vous faire une grosse faveur en vous mettant dans une belle chambre à un étage entièrement rénové. Fatalement puisque le reste est en chantier.

  Une fois arrivé à l’hôtel, vous ne profitez guère de votre belle chambre rénovée car on fore jusqu’à six heures et demie du soir et lorsque vous appelez la réception pour demander quand cela va cesser, on vous réponds : « hé oui comme vous pouvez le constater, nous sommes en travaux ». Et sur trente trois étages, cela en fait des chambres à rénover au Concorde-Lafayette. Résultat, je n’y ai plus jamais remis les pieds. Les hôtels devraient savoir qu’ils perdent autant des clients parce qu’ils sont est resté ouvert que parce qu’ils ont fermé. Au Méridien à Barcelone j’ai reçu un nounours pour le dérangement. C’était déjà mieux, il avait une bouille toute mignonne mais j'ai quand même râlé quand je rejoignais ma chambre en me bouchant les oreilles et je n’y suis pas retournée non plus.

    J’ai même fini par ne plus aimer les hôtels. Autrefois lorsqu’on allait à l’hôtel c’était pour rencontrer des gens. On voyait les mêmes personnes au petit déjeuner et puis dans les salons ou le bar. On se mettait à parler, on faisait connaissance. De nos jours, on se salue à peine, personne ne se regarde, tout le monde est dans sa bulle et c’est chacun pour soi. On se demande même où les gens ont encore l’occasion de se rencontrer. Donc à présent dans les hôtels on ne subit plus que les désagréments de la présence des autres : bruit dans les corridors, qu’il s’agisse des enfants qui courent partout ou des clients qui quittent leur chambre tôt le matin ou d’autres encore qui rentrent tard dans la nuit en parlant à voix haute tout en se faisant couler un bain.

  La solution me direz-vous est de partir en vacances dans un monastère. Point de vue communication avec les autres c’est pratiquement du pareil au même. Seul inconvénient toutefois : les chants grégoriens à cinq heures du matin.

  Ce n’est pas mieux en montagne : inutile de parler des résidences qui sont partout les mêmes. A la montagne, résidence rime avec béton et bois : un mélange très détonnant. Le béton répercute le bruit des pas sur les escaliers en bois. C’est à se demander si les architectes réfléchissent lorsqu’ils dessinent ou si tout ce que l’on leur apprend est de faire joli et de comprimer les centimètres carrés au maximum. J’ai remarqué au cours de mon existence que la France est championne toutes catégories des placards à balais. Pourtant la surface du pays est assez élevée. On se demande pourquoi tous les logements doivent être si petits.

En hiver, il suffit qu’une joyeuse bande d’italiens ou d’espagnols louent un appartement à proximité pour être sûr de ne pas fermer l’œil de la nuit durant l’entièreté du séjour. Ils skient toute la journée et ils font la fête toute la nuit. Après cela ils vont retourner au travail. C’est à se demander où ils puisent leur énergie. Vous allez leur demander de faire un peu moins de vacarme et vous vous retrouvez en joyeuse compagnie. A tel point que vous ne pouvez même pas leur en vouloir de s’amuser à votre détriment.

  Dans les hôtels, une nouvelle problématique surgit. On vous laisse le choix entre vue vallée ou vue piste et bien sûr la vue piste semble la plus agréable et la plus ensoleillée, mais comme partout c’est la vue la plus chère qui est la plus mauvaise.

  C’est toujours la nuit que l’on se rend tristement compte de son erreur, lorsque les chenilles s’emparent des pistes pour un ballet aussi bruyant que polluant. Le balisage des pistes dure des heures en pleine nuit et lorsque vous vous ouvrez de cet inconvénient à quelque membre du personnel de l’hôtel, vous ne suscitez que des sourires innocemment incrédules.

Dans les stations de ski donc éviter toutes les chambres qui offrent une belle vue sur les pistes.

  La solution direz-vous est la montagne en été. Eh bien pas du tout. Premièrement parce que l’on est en période de vacances scolaires et que le mythe de l’effet favorable du bon air de le montagne sur les enfants est encore présent même si à l'heure actuelle les pics d’ozone ont supplanté l’air pur d’autrefois. L’été à la montagne on se croirait en colonie de vacances. L’été est aussi une période d’activité intense dans les stations car c’est à ce moment là que l’on peut construire et rénover les chalets. Les scies et les marteaux reprennent du service. La période durant laquelle le climat permet les travaux de construction étant très limitée, tout le monde en profite en même temps.

 

  Mon meilleur ami depuis quelques années est devenu le site internet Tripadvisor. Ce site m’a fait épargner tellement d’argent. Sur publicité ou dans les magazines combien d’hôtels semblent idylliques. On vous fait rêver avec une débauche de photos magnifiques et une multitude de service attractifs mais lorsqu’on lit les commentaires des anciens clients on déchante très vite. Heureusement un grand nombre d’entre eux mentionnent les bruits qu’ils ont subis (murs minces comme des papiers à cigarettes, climatisation bruyante, vue sur un parking etc…) et la qualité de leur sommeil. J’adore Tripadvisor et moi-même en retour je m’emploie à informer les gens sur le déroulement de mon séjour. C’est un service formidable que l’on peut se rendre les uns aux autres (même si parfois il se glisse de faux commentaires qu’il n’est pas difficile de démasquer) et qui n’existait pas auparavant. Comme quoi internet a du bon…

 

 

A suivre...

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Bonjour Bienvenue Sur Le Blog Du Bruit Où Je Raconte Tous Les Bruits Que J'ai Subi Jusqu'à Présent..

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  • : Excédée par le bruit j'ai décidé un jour de mettre sur papier tout ce que j'avais subi jusque là en termes de nuisances sonores. Le bruit est un fléau. Je pense que beaucoup de gens en souffrent. Parlons en.
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