Le blog du bruit

Cela fait un certain temps que je n'ai rien écrit, justement parce qu'il faisait super calme. Vous voyez, c'est comme quand on écrit un scénario de film: il faut du conflit, sans conflit il ne se passe rien et les personnages n'ont rien à faire et rien à dire. C'est aussi pourquoi la téléréalité est scriptée pour créer des conflits artificiels sinon ce serait mortellement ennuyeux.

Alors voilà il fait super calme: cette année en hiver c'est comme s'il n'y avait pas de saison de hockey, wouah....cette grande étendue de terrain vide, ça fait plaisir à voir (!!). En plus maintenant qu'il fait vraiment mauvais, plus de souffleuses de feuilles, plus de machines, pas d'enfants qui crient. Rien.

A l'intérieur c'est aussi super calme. Les voisins, je ne sais même pas que j'en ai, même si parfois il s'en trouve un pour chipoter sur sa terrasse à 5 heures et demie du matin (comme aujourd'hui, mais c'est rare).

Je sais cependant que je suis en sursis car la petite vieille qui habitait au dessus de chez moi se portait mal et a été hébergée dans sa famille. Il paraît que c'est un neveu qui reprendra l'appartement (avec 3 enfants) et qu'il a l'intention d'effectuer des travaux (genre pose de parquets et changement de la salle de bains). Donc en attendant, je profite au maximum du calme, je traîne au lit jusqu'à 9 heures du matin, trop contente de ne pas avoir dépensé d'argent pour aller au ski dans des stations bondées (et par conséquent super bruyantes) et que j'aurais mis au moins deux jours à rejoindre dans des situations déplaisantes. Ils devaient être vraiment motivés les gens...

En tout cas Bonne Année à vous tous. A tous ceux qui souffrent du bruit je souhaite le calme, à tous ceux qui veulent déménager, je souhaite de trouver un nouveau et meilleur logement car il n'y a rien de plus important en ce bas monde que de trouver la paix (au moins) chez soi!

Pour les vacances de Toussaint c'est plutôt raté, j'espérais que ce serait plus calme mais non: les ouvriers qui finissent l'entrée de l'immeuble voisin travaillent toujours. Le club de hockey fonctionne à plein régime, ils ont même rajouté un château gonflable pour les enfants. En ce moment je pourrais justement vous filmer un bel échantillon de gueulage de groupe, mais j'y suis arrivée l'autre jour donc en bout de texte vous trouverez une petite vidéo.

Ces derniers jours j'ai dû partir de chez moi car c'était trop chiant. C'est très dommage surtout quand de l'intérieur vous n'avez à subir exceptionnellement aucune nuisance sonnore.

Pour les nouvelles fenêtres on pourra toujours attendre, bien qu'une société soit venue faire un devis, il faudrait encore que le propriétaire accepte ce devis ce qui pour l'instant nous renvoie vers février de l'année prochaine....

Ceux qui regarent Kho Lanta sauront de quoi je parle.

Avant en Europe, on ne connaissait pas trop cela: les cris de guerre dans le sport d'équipe. C'est apparu une année lors de championnats de rugby quand les français ont découvert les All Blacks et leurs danses primitivo-offensives. Mais comme tout nous vient des Etats Unis, je pense que ce sont les Américains qu'il faut surtout remercier. Les Américains sont abrutis, bruyants (si vous ne me croyez pas allez donc faire un tour dans une salle de gym à Los Angeles) et ils exportent de par le monde toutes leurs mauvaises habitudes (le marketing, la productivité, l'open space, l'optimisation du travail...vous croyez que c'est l'Europe qui les a inventés?). High Five!!!! J'avais déjà remarqué dans les années 80 que Michaël Jackson se livrait à des rondes avec ses musiciens et ses danseurs avant ses spectacles, Madonna aussi.

Eh bien maintenant le style a fait son chemin et il est partout:

- A la télé quand il y a un groupe impliqué.

- Au parc quand il y a des scouts ou des groupes d'enfants. "On" (leurs moniteurs) les fait hurler en choeur pour leur faire croire qu'ils s'amusent follement en compagnie des autres.

- Sur les terrains de sports ( c'est à dire juste sous mes fenêtres) à chaque début et fin de match pour stimuler l'esprit d'équipe avec des slogans maison, et faire monter l'énergie/adrénaline.

Pour moi, observateur extérieur mais directement incommodé par ces pratiques - bon une fois au parc ça va, mais quand on a plusieurs équipes par jour sous ses fenêtre cela devient vite lassant, voire irritant - je ne peux m'empêcher d'apparenter cela à une régression hautement primitive de notre espèce. L'ensauvagement du monde. Et ne croyez pas que je sois la seule mauvaise langue, si vous parlez avec n'importe lequel de mes voisins soumis aux même conditions accoustiques, ils vous répondront qu'en effet ils constatent un ensauvagement de la société qui nous entoure, donc c'est effectivement à cela que ça fait penser.

Quand on regarde Kho Lanta, l'esprit de groupe me fait bien rire: Comme dans "La folie des grandeurs" c'est: "Tous pour un chacun pour soi" (j'adore cette réplique). On joue le jeu du groupe solidaire pour mieux se planter des couteaux dans le dos. Donc vous ne pourrez pas dire que je critique un élan extrêment indispensable pour le bien de l'humanité.

Je n'avais pas encore connu ni expérimenté cet aspect là du bruit au cours de ma carrière d'écrivain et de blogueuse du bruit. La faveur de ce déménagement m' a permis de découvrir l'existence de cette nuisance. Je vis donc dans la "capitale de l'Europe" (excusez du peu pour le standing intellectuel -ha! Ha!) et entourée d'une bande de sauvages....Je pense que même dans la brousse ce serait plus calme et plus raffiné.

Ces derniers temps je n'avais même plus envie d'écrire tellement j'étais dégoûtée. L'été a quand même été une trêve car il y avait surtout du tennis dans le club en question et désolée (comme on dit en anglais: "I hate to point out the obvious") le tennis est moins un sport de sauvages que le hockey.

Deux semaines avant la rentrée des classes les enfants étaient de retour et les cours de hockey ont repris ainsi que les piaillements qui durent la journée entière. Alors que cet été je pensais que c'était moi qui avais finis par devenir plus tolérante ou que je m'étais un peu habituée au bruit du club de sport, je me suis rendue compte qu'il n'en était rien. C'était juste le rythme ralenti du club qui était plus supportable.

Mon slogan était à nouveau: les gosses à l'école.

Finalement ils y sont retournés à l'école, et en semaine je peux travailler dans ma chambre et jouer du piano (n'oublions pas sur mon synthé avec son au plus bas). Mais dès 16 heures c'est terminé (parfois plus tôt) quand ils sortent de l'école c'est pour se précipiter sur le terrain de hockey. Il y a deux jours je les ai vus en me promenant, ce sont des enfants qui ont l'air mignons, de bonnes familles, pas du tout la horde de sauvages qu'ils deviennent quand on les entend sur le terrain. Le week-end, c'est très simple: je suis confinée au living. La moitié de l'appartement est inutilisable. Il y a un entraîneur qui a une voix pas possible. Hier il a gueulé toute la journée...Je peux rejoindre les chambres qu'après 22 heures.

Ceci m'amène au titre de cet article. Il y a beaucoup de gens qui habitent dans mon immeuble mais dont l'appartement donne entièrement sur le club de sport. Et ils ne cherchent même pas à changer leurs fenêtres. Ils disent qu'ils ont fini par s'habituer au bruit. Voilà le problème général du bruit: la résignation. J'ai un peu envie de citer le titre de ce livre: Indignez vous.

Avec le bruit il faudrait un peu plus d'indignés et moins de résignés. Il y a tellement de gens qui se résignent à vivre dans un endroit invivable qui leur mine la santé. Chez nous on ne peut rien faire pour changer les choses car presque tout le monde s'est résigné à vivre avec le bruit des hockeyeurs.

Note: suivez quand même mon conseil: toujours choisir un appartement transversal car quand il y a du bruit d'un côté on peut toujours tenter de trouver refuge de l'autre. Sauf quand il y a du bruit des deux côtés, comme cela m'est souvent arrivé par le passé...

Je touche toujours du bois mais côté voisins pour l'instant tout va bien: super calmes. Je commence à oublier mes chieurs du dessous. Il m'a quand même fallu un an pour m'en remettre. Je ne pense plus à eux sauf pour me dire que je suis super heureuse de ne plus savoir qu'ils existent. Olé, au moins une bonne chose de faite!!!!!

Mon blog n'a aucune chance de succès si l'on imagine que pour un grand nombre de nos contemporains le monde d'un futur idéal ressemble à cette vidéo: Tomorrowland....

...Et si le truc le plus cool au monde est de débuter le Festival dans un avion comme dans la vidéo plus bas.

On peut me traîter de nonne, pourtant j'adore la musique, mais ceci s'apparente à la horde de sauvages. En fait ils gueulent comme mes hockeyeurs, pas étonnant, ça doit être les mêmes