Je n’ai pas écrit depuis un certain temps car avec tout ce qui m’est arrivé, ce que j’ai le plus négligé c’est mon blog du bruit. Mais il y a beaucoup
à raconter.
Après avoir déménagé et vu toutes mes affaires entreposées au garde-meubles, j’ai passé la première nuit au Sheraton. Je l’ai choisi car qualité/prix
cela avait l’air correct et je savais que le bâtiment est une grande tour qui serait sans doute pourvue de bonnes fenêtres.
Le lit était super, un véritable nuage. Il paraît que c’est une literie spéciale et propre aux Sheraton. Vous allez dans n’importe quel Sheraton de la
terre et vous trouverez cette qualité de literie. Malheureusement cela n’a pas suffi à un sommeil parfait. Vers trois heures du matin j’ai été tirée d’un très profond sommeil par une sirène de
police qui hurlait. En réalité la voiture de police poursuivait une « voiture techno ». Pour ceux qui ne savent pas ce que c’est (moi non plus je ne savais pas que cela existait) :
c’est une bande de petits salopards qui ont pimpé leur voiture pour qu’elle fasse un maximum de bruit et qui s’amusent à sillonner la ville en éructant de la techno à fond la caisse. Le monde est
devenu fou. Alors vous aviez cette voiture qui filait à toute allure sur le boulevard (avec des roues illuminées comme un sapin de Noël) et la police qui tentait de les rattraper avec leurs
sirènes allumées. Hallucinant.
Le réveil a été tellement violent que je n’ai pas pu me rendormir pendant au moins une heure, durant laquelle bien sûr je me suis encore farci des
sirène de police. A éviter totalement le quartier de la place Rogier.
Quand j’ai finalement réussi à me rendormir, j’ai été réveillée à 7 heures du matin par les femmes de chambres qui nettoyaient la chambre d’à côté en
se parlant à voix haute et en criant dans les couloirs comme si l’étage entier était supposé être vide. J’hallucine encore, c’est pas possible d’être bête et égoïste à ce point. Dans un Sheraton
il peut très bien y avoir des clients qui viennent de loin, qui sont en jet-lag et qui ont envie de dormir. Non mais allo quoi ?!! (pour employer une expression intello). Elles se crient
dessus pendant vingt minutes en cognant toutes sortes de trucs dans la salle de bains, sans doute en lavant la baignoire, et puis bouaamm !!! Elles laissent tomber quelque chose avec
un fracas incroyable. Là, la moutarde m’est montée au nez : je suis sortie dans le couloir et j’ai intercepté la femme de chambre : « Vous pourriez pas faire un peu
attention ! Il y a des gens qui veulent dormir ici ! ». C’est là qu’elle s’est rendu compte du dérangement. Elle s’est excusée et le bruit a cessé, mais moi j’étais totalement
réveillée. Vive le monastère….
Le lendemain je suis partie dans les Ardennes, du côté de Saint Hubert. C’était la première fois que j’allais séjourner dans un monastère et j’en
attendais beaucoup, surtout dans l’état d’épuisement physique et psychique dans lequel j’étais.
En allant vers Saint Hubert, il y a plein de déviations et je me retrouve à Marches-en-Famenes. Mauvaise signalisation, déviations, bref je me retrouve
bloquée dans un embouteillage monstre. Dingue : un petit patelin de rien du tout au milieu des Ardennes, il a une route principale qui est bloquée comme la rue Béliard à une heure de pointe.
Je me rends compte qu’on ne peut avoir la paix nulle part. Le phénomène de Marches-en-Famenes est tellement délirant qu’ils en ont même parlé à la télévision.
Finalement j’arrive à m’extirper de ce merdier et je trouve enfin la direction de Saint Hubert.
En approchant du village, je remarque quelques hélicoptères me survoler, sans plus. Par contre à l’entrée du village une affiche : ce week-end
samedi et dimanche : meeting aérien d’hélicoptères sur l’aérodrome de Saint Hubert. Je commence quand même à en rire. C’est pas possible !
La dame qui m’accueille au monastère et me montre la chambre me prévient : en effet aujourd’hui et demain, il risque d’y avoir un peu de
dérangement car il y a ce festival aérien.
A part ça, la chambre se situe dans une partie du monastère où il n’y a personne et les fenêtres sont neuves, protégeant bien du bruit de la route que
l’on peut apercevoir au loin. La chambre est très spartiate et j’ai l’impression que je suis entrain de faire Koh Lantha mais la première nuit a quand même été un rêve : pas le moindre
bruit. Rien. Même quand je me suis réveillée, j’écoutais le silence. Ahh, je veux ça !
Mon dos a peut-être un peu souffert de la literie mais mes nerfs étaient très contents.
Ce dimanche là, en plus du meeting aérien, C’était la fête de la Saint Hubert (le patron des animaux). Comme c’est une fête très connue au cours de
laquelle une messe est dédiée à la bénédiction des animaux et que j’adore les animaux, j’avais envie d’aller voir mais on m’a conseillé d’y aller à pied car ce serait trop difficile de se
débarrasser de la voiture dans le centre. J’ai fini par laisser tomber, j’étais trop fatiguée pour marcher jusqu’au centre et puis les cors de chasse risquaient d’être un peu pénibles aussi. Donc
j’étais à Saint Hubert et je n’ai pas vu la bénédiction des animaux.
Dimanche après-midi ils ont mis le paquet côté hélicos. Il y avait des formations de sept hélicoptères en même temps qui passaient dans le ciel. Je
choisis de continuer à en rire.
Par contre lundi je rigole un peu moins lorsque je découvre le vice de la région. Ce petit aérodrome est une véritable poisse. Il a développé deux
activités : le planeur et les vols en chute libre.
Alors pour ceux qui auraient la naïveté de penser qu’un planeur c’est écolo et tout, je vais démolir le cliché tout de suite : le planeur il ne
monte pas tout seul dans le ciel. Il doit être tracté par un bimoteur. Le bimoteur fait un bruit très embêtant et il consomme du kérosène. Il tire le planeur jusqu’à une certaine altitude, il le
lâche et retourne au bercail. Le planeur descend quand même assez rapidement, donc si l’on met en équation le temps de planage et le temps de remorque, c’est 50/50. Conclusion : le planeur
c’est de la foutaise et ça embête pas mal de monde.
En regardant les feuillets informatifs laissés aux retraitants dans le hall, je remarque une pétition : Des gens qui ont une maison non loin de
l’aérodrome et qui deviennent fou. Ils demandent à ce qu’un maximum de personnes écrivent au maire de Saint Hubert pour protester contre cette exploitation intensive de l’aérodrome. J’ai compris
que cela ne sert à rien d’aller s’enterrer dans les Ardennes pour rechercher le calme.
Les sœurs disent que c’est une réelle nuisance mais elles préfèrent rester en dehors de tout ça.
C’est ainsi que pendant une semaine je me suis farci les petits avions au dessus de la tête. Parfois j’étais forcée de rentrer dans ma chambre et d’en
fermer la fenêtre car c’était sérieusement agaçant.
Heureusement la nuit tout était très calme.
Je ne devrais pas oublier non plus que dès le lundi, la sœur bricoleuse s’est mis en tête de refaire la salle de bains d’une chambre située en dessous
de la mienne. Elle sciait les carrelages dehors sur le perron à la scie électrique et puis : toc, toc, toc, toc, toc ; le reste du temps. Il faut le vivre pour le croire.
De là je suis partie à l’Abbaye de Leffe à Dinant. Tout simplement car au monastère j’ai rencontré un frère de Leffe super gentil qui m’a proposé de
faire un séjour chez eux.
J’ai été logée dans leur plus belle chambre avec un lit a baldaquin très château médiéval. Elle donnait sur le jardin intérieur donc aucun contact avec
le monde extérieur et cela valait mieux car Dinant c’est l’horreur. Il faut éviter de mettre les pieds à Dinant pendant au moins deux ans. Toute la ville est sans dessus dessous. La rue
principale est un vaste chantier. Le bord de Meuse est un vaste chantier et l’année prochaine ce sera encore pire. Impossible de circuler dans le centre ville, impossible de se garer. Camions,
tracteurs et pelleteuses à tous les coins de rue : l’horreur à l’état pur. En plus la ville est sale. C’est la ville la plus sale que j’aie vue de ma vie, après Bruxelles. Pas moyen de
marcher une minute sans regarder ses pieds car on marche dans une merde de chien.
L’intérieur de l’abbaye était comme une oasis, si l’on mettait de côté le carillon qui est un peu embêtant. Le matin, il sonne quasiment tous les
quarts d’heures comme s’il voulait empêcher les frères de s’endormir et de rater les Laudes.
Seul bruit intempestif : les avions de l’armée qui effectuent leurs exercices dans le coin. Ils doivent posséder deux chasseurs en tout mais ils
passent tous les jours au dessus de l’abbaye. Et puis le dernier jour un jardinier a fait son apparition et a osé mettre en marche la souffleuse de feuilles pour trois feuilles de rosiers. Je
l’ai filmé car c’était quand même incroyable:
Ensuite je suis rentrée à Bruxelles, c’était un samedi et je me suis arrêtée au centre commercial pour faire quelques achats et déjeuner. Wouah le choc
de culture ! La société de consommation, tous ces gens qui couraient dans tous les sens, pendus à leurs portables, toute cette agitation vide. J’avais l’impression de débarquer d’une autre
planète. Je regardais tout cela avec le regard détaché d’une martienne et j’étais horrifiée.
L’horreur a continué quand je me suis mise à la recherche d’un appartement. Tout le monde se précipite à Bruxelles de tous les coins du monde. Dans la
rue on entend toutes sortes de langues, on voit toutes sortes de visages. Personne ne parle plus le français. Les agences immobilières n’ont même plus besoin de clients, ils les cueillent à la
pelle. Vous avez cinq minutes pour visiter un appartement et vous décider, au-delà de ce temps vous embêtez l’agent immobilier qui se désintéresse de vous, consultant ostensiblement ses messages
sur son portable. Je n’ai jamais connu ça. Oui, cela a toujours été pénible de trouver quelque chose de correct pour un prix correct mais maintenant c’est quasiment impossible. C’est devenu comme
à Paris. Cela a tellement changé en trois ans. La nouvelle mode aussi c’est d’annoncer un loyer inférieur mais de rajouter que le garage (obligatoire) est en supplément de 100 à 150 EU. J’avais
déjà vu cela il y a quelques années mais c’et devenu la norme. Attention aussi aux charges dont le prix annoncé est inférieur à la réalité. Une fois que vous aurez signé le bail et que l’on vous
présentera le supplément à payer vous ne pourrez faire autrement que de vous exécuter. Arnaques à tous les niveaux. Le problème c’est que quand on connaît toutes ces arnaques, on ne trouve plus
d’appartement car on ne veut pas tomber dans le piège.
Côté bruit, on m’a proposé un appartement soit disant de standing qui surplombait carrément la cour d’une école. Quand j’ai dit non, la femme de
l’agence a essayé de me persuader que c’était une « petite école avec peu d’élèves » (haha !). Quand j’ai été voir sur place, j’ai vu de longs bâtiments avec préau et tout. Et bus
scolaires qui attendaient devant l’entrée. Lycée français j’ai déjà donné, non merci.
Un autre appartement était annoncé comme entièrement remis à neuf. Seule la salle de bains avait été refaite et les murs repeints mais tout le reste
était vieux et hideux comme cette chambre à coucher à côté de la cuisine qui était dotée d’un placard préhistorique et quand vous ouvriez le placard vous trouviez...le moteur arrière du frigo.
Non mais allo quoi je rêve ! (c’est pour ça que Nabila est devenue si célèbre avec le Allo quoi, c’est parce que de nos jours on pourrait faire Allo quoi ! à longueur de journée). Ah au
fait prix de cette plaisanterie : 1250 EU par mois, sans garage et hors charges.
Le plus embêtant c’est quand j’ai dû trouver un hôtel à Bruxelles. Vu que j’ai toujours considéré Bruxelles comme une ville profondément ennuyeuse et
inattrayante je croyais que tout le monde pensait comme moi et que les hôtels étaient vides. Eh bien pas du tout. Les hôtels sont complets, surtout en semaine. J’ai atterri dans le meilleur
d’entre eux, à la faveur d’un booking avantageux sur internet. J’étais au paradis.
Superbe chambre, machine Nespresso pour se faire du café. J’arrive, me fais un Vivalto lungo, j’ai à peine le temps de le déguster que j’entends une
foreuse au dessus de ma tête. C’est pas vrai ! Je sors dans le corridor pour tenter de voir d’où ça vient et je rencontre un gars du personnel. Je demande s’il y a des travaux quelque part
autour. Il me répond que oui, on refait une salle de bains au dessus de moi. Je demande à quelle heure ils terminent. Il me dit qu’il ne sait pas car ce n’est pas fixe mais pris de sympathie, il
me propose de voir avec la réception s’ils peuvent me changer de chambre. Le réceptionniste m’appelle pour me dire : « Il paraît que vous trouvez la chambre un peu bruyante, je peux
vous déménager dans une autre ». J’accepte.
La chambre est aussi belle que la précédente et effectivement loin du bruit des travaux. Par contre c’est à une heure du matin que je suis réveillée
par des bruits de coups, comme si on déménageait des meubles. Le lendemain je mène l’enquête par l’escalier de secours et j’atterris dans le restaurant droit devant le nez du serveur qui
accueille les clients. Je lui donne la raison de ma présence en ces lieux : je cherche d’où vient le bruit qui m’a empêchée de dormir entre une heure trente et deux heures trente du matin.
Il me répond que dans le restaurant ils n’ont rien déménagé mais que ça peut provenir du bar car une heure trente est juste l’heure à laquelle ils ferment et sans doute qu’ils rangent. Il me
conseille de faire la remarque à la réception. La réception promet de demander au bar de faire plus attention. La première nuit c’est très calme et après cela reprend. J’ai quand même renoncé à
rechanger de chambre car là j’étais à peu près au bout du couloir et j’avais peu de passage. Vous savez comment c’est les lourdes portes des chambres d’hôtel qui claquent, c’est encore pire que
le bar.
L’hôtel était comme un monastère de luxe mais dès que je sortais c’était boules Quiès de rigueur. Les voitures de police sont infernales. Comme
« on » a eu la lumineuse idée de mettre le poste central de police à deux pas de l’avenue Louise, à chaque fois qu’il se passe quelque chose les voitures de police filent à au moins
80 à l’heure toutes sirènes hurlantes comme des guêpes hors d’une ruche et traversent l’avenue Louise pourtant très commerçante et fréquentée par des piétons. Un soir en rentrant du
restaurant, j’en ai vu passer trois d’un coup à une vitesse incroyable, ensuite encore trois autres. Je pensais qu’il devait y avoir eu un hold-up sanglant. J’arrive devant mon hôtel et vois une
ambulance et trois voitures de police. J’imagine une prise d’otages, une fusillade…Je préfère rentrer par un autre côté. A l’intérieur il ne se passe rien d’anormal. Je finis par demander à la
réception où on me répond qu’une dame a eu un malaise. Ils ont besoin de trois voitures de police pour ça ???
Il a fallu quitter le monastère de luxe car tout était complet. Impossible de trouver un hôtel pour un prix un peu moins délirant que 600 EU la nuit.
Une fois de plus le gentil moine est venu à mon secours en intercédant auprès d’une communauté de religieuses à Bruxelles qui ont quelques chambres.
Leur maison est située dans un quartier résidentiel pas très loin de là où j’habitais et d’une certaine façon je suis contente de me retrouver plongée
dans le même genre de bruit qu’il y avait chez moi, car ces dernières semaines j’en étais venue à beaucoup m’en vouloir d’être partie et maintenant je me souviens pourquoi je suis
partie : La circulation est infernale, et les avions encore pires.
A l’intérieur de la communauté c’est très calme, on ne parle pas à voix haute. En plus je suis tombée sur une semaine de réflexion sur le silence
(sic). Mais à l’extérieur c’est autre chose. Il y a une énorme école juste en face. Les enfants crient dans la cour de récréation toute la journée. Ajoutez à cela le ballet des voitures des
parents matin et soir, le trafic automobile et aérien. Les avions qui atterrissent sont tellement près que je peux lire les noms des compagnies. Par ici passent en fait les avions qui sont en
décollage mais aussi ceux qui atterrissent. Comment est-ce qu’ils font tous ce gens qui habitent ici? Certains ont de vraiment belles villas. J’ai compris que cette partie de Bruxelles, il faut
complètement oublier
Je suis toujours sans appartement. Le seul qui m’avait paru acceptable (mais pas enthousiasmant) avait lui aussi une école en bout de rue. Là aussi on
m’a dit : c’est juste une petite école. Le problème c’est que je n’ai pas envie de louer un appartement, j’ai envie d’acheter une maison et je n’ai pas envie d’habiter Bruxelles non plus
mais je ne sais pas où aller. Avant je pensais toujours que j’irais en France mais avec Hollande et toutes ses taxes qui sortent de nulle part chaque jour, le pays est devenu
infréquentable.
Où vais-je atterrir ? Suite au prochain épisode….